dimanche 4 août 2013

Transportée !

C'était le 26 juillet dernier. J'étais remontée à bloc ... oser. Ce fut une petite joie simple. Un petit rêve de gamine. Ce n'était pas grand chose au final.

Mais avant de vous raconter ce jour, remontons un peu en arrière...
Déjà il faut savoir que, déjà petite, j'ai eu la chance de pouvoir observer, puis "jouer" un peu au petit train. Le mieux, d'ailleurs est peut-être de voir briller les yeux de mes enfants quand on le fait marcher... ce qui est rare puisque le circuit n'est disponible qu'à la montagne chez mes Grands-Parents. Voilà :



Un peu moins en arrière que cela, je m'amuse sur Twitter avec le hashtag #qml comme @quoimaligne. Je débite quelques âneries pour faire passer le temps... notamment quand le temps est plus long que ce qui devrait être. Oui... souvent. Et une fois j'ai tweeté :


Et @quoimaligne a retweeté, et on... enfin @frenchwayfarer, m'a répondu :


L'idée fait son chemin. En fait, j'y avais déjà songé, mais j'avais sans doute peur de déranger...

Ce vendredi matin, je me suis dit: "Allez, je le fais!" Je me suis dit que le mieux, pour déranger le moins, est de demander le matin, à la relève à Nanterre-Préfecture. A Châtelet, je me place en tête de train. C'est un MI84 (je me suis rencardée depuis peu :-) ).
Dans ma tête, j'ai un peu la barre d'énergie qui augmente depuis le début de mon trajet. Un peu comme ça :
Tous les indices sont au vert. Oui, je suis un peu superstitieuse :
- Une personne qui revient de Nouméa sur la B est assise presque en face de moi (je sais, rien à voir, mais ça me fait voyager)
- Une personne qui cherche du regard le nom de la station dans le wagon noir de monde...
Moi :"C'est Auber"
Lui :"Ah. Merci bien" agrémenté d'un sourire.
Il descend, en disant "Bonne journée"
Et je lui réponds "Merci, vous aussi !". Mais ce bref échange cordial m'a donné un peu plus d’énergie encore!

J'arrive à Nanterre-Pref'.

Je descends. Le conducteur RATP descend. Il attend la relève. Moi aussi.
Il arrive enfin. Au départ, je lui demande, du genre bête et naïve "Il va bien à Cergy?" (alors que je sais pertinemment qu'il y va...) et j’enchaîne tout de suite (je ne suis même pas sûre qu'il est eu le temps de répondre à ma première question): "Est-ce que je peux monter pour voir comment c'est dans la cabine?" Un truc du genre, un peu comme une phrase avec une pluie de ratures dedans mais dont l'interlocuteur a saisi le sens.
"Euh oui, si vous voulez, montez" un peu avec le ton du genre "si ça peut vous faire plaisir, mais ce n'est qu'une cabine de conducteur".

En fait, il était bien sympa. Certes, il n'était pas très loquace : il était sûrement aussi intimidé que moi.

Je suis debout. Il y a bien un strapontin derrière moi, mais comme il ne m'y a pas invité, je reste debout... et je ne touche évidemment à rien. J'entends des appels radios à tout va. Je n'ose pas parler. Je regarde la nouvelle perspective qui s'offre à moi. Je jette un coup d’œil aux multiples boutons. Et finalement, je brise le silence... avec une question débile du genre (je devais être blindée de questions bêtes ce jour-là :-) ):
"Alors vous préférez les nouvelles rames du A?"
Il me répond quelque chose du genre:
"Oh vous savez, ce n'est que mon outil de travail".
Intérieurement, je me dis "Ah"

Après Nanterre, On passe les travaux sur le pont.
Moi: "Vous savez ce qu'ils font comme travaux?"
Lui: "Non. Pas du tout"
Un petit silence.
"Je crois qu'ils vont faire un nouvel arrêt du genre "Nanterre le haut""

Je ne comprends guère les annonces radios. Sauf une du genre:
"L'essuie-glace est cassé, j'en parlerai à la RATP".
Du coup, ça nous a fait sourire.
Lui : "Oui, on a parfois des échanges radio "rigolos""
Forcément, on se rend compte de cela quand on en a besoin.
Heureusement, sur ceux-là, on a une commande manuelle au cas où. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas sur les nouveaux"
"Mais parfois, ça ne suffit pas: si l'axe de l'essuie glace est désolidarisé, on tourne la manivelle dans le vide..."

Les rails défilent. Les arrêts passent. Houilles. Sartrouville. On dirait même que ça passe plus vite que d'habitude, alors que le train est omnibus. La nouvelle vue me semble plutôt jolie.
Je finis pas "avouer" que j'ai eu la chance de jouer au petit train quand j'étais petite. Lui non. Et il enchaîne:
"A la SNCF, ils n'aiment pas trop les passionnés".
Moi : "Ah bon? Vous voulez dire que ça peut être un critère pour ne pas embaucher quelqu'un?"
Lui: "Oui, c'est ça. En fait, nous on est là pour appliquer des procédures. Ils ont peur que si quelqu'un est passionné, il prenne des intiatives. C'est surtout pas ce qu'on nous demande"
Moi: "Ah! ok. Ca fait combien de temps que vous êtes à la SNCF?"
Lui: "30 ans" (petit silence) "Non, 31 ans".
Moi: "Ah oui! Vous êtes là depuis toujours ou presque" (avec sourire et bonne humeur)

Il ne pleut plus. Le RER traverse la forêt et passe au milieu des nombreuses voies que compte la gare de triage d'Achères.
Lui : "Ah, voilà une rame qui va mal finir"
J'avais vu brièvement la rame de RER A stationnée sans vraiment regarder.
Moi : "Vous voulez dire qu'ils vont la réparer?"
Lui : "Ah non, vu l'état, elle va aller à la casse"
Moi : " Mais les anciennes rames comme celles-ci qui sont remplacées par des neuves, ils vont en faire quoi?"
Lui :"Ils vont vraisemblablement les stocker quelque part. Elles sont encore fonctionnelles"
Moi : "Oui, mais les nouvelles ont une plus grande capacité, c'est tout de même mieux!"
Lui : "C'est sûr."
[...]
Moi : "Ça change de perspective tout ça! C'est cool" (j'ai un phrasé un peu plus jeune que mon âge :-)... mais ce n'est pas toujours évident d'essayer de parler avec quelqu'un qu'on ne connait pas et qui cause peu )
Lui : "Oui, c'est sûr.Mais c'est plus sympa encore quand on va vers Paris. On a une jolie vue sur La Défense"

Juste pour garder un peu plus en mémoire cet instant, je serai bien rester voir les rails dévorés par le RER encore un peu. Mais ma station arrive. Je le salue. Je descends sur le quai, mais je suis encore sur un petit nuage. Le petit nuage d'avoir osé demander et d'avoir vu l'intérieur d'une cabine auprès de son occupant avec cette perspective nouvelle qui me rappelle un vieux dessin que j'avais fait d'après une photo, il y a fort longtemps (1994 environ) :




J'étais un peu comme une gamine. Ça fait beaucoup de bien de retomber parfois en enfance !

En fait, mon voyage ne s'est pas totalement arrêté là...  Il m'a semblé évident de partager cela avec @frenchwayfarer. J'ai alors twitté cela :



Et j'ai alors entamé mon deuxième voyage... Car @frenchwayfarer a retweeté (NDLR spécial pour Maman = re-transmis) ce message à d'autres... dont des conducteurs de RER, de train, et autres. Cela fut vraiment sympathique. Malheureusement, ils ne travaillent pas sur les lignes que j'emprunte quotidiennement. Mais ça donne envie de les rencontrer en vrai... rien ne vaut le vrai!
@frenchwayfarer m'a aussi dit qu'on pouvait demander aux conducteurs de TER, voire même de TGV! Je ne me sens pas trop d'oser... mais bon, si un jour l'occasion se présente (qu'elle soit provoquée ou non...) pourquoi pas! Mais il ne faut pas oublier, qu'en théorie, c'est interdit pour des raisons de sécurité.
Mais comme ils me le disaient, certains aiment bien partager leur quotidien.



Ça tombe bien : je suis curieuse et j'aime le partage!

13 commentaires:

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    1. Très. J'avoue que ça donne envie de récidiver... :-)

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    1. Une fois que je suis dans le mode "cap de le faire" ça me booste bien ! :-)

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  3. Bonne petite tranche de vie.
    Bonne journée.

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  4. Bonjour,
    Ce billet est vraiment touchant : je trouve que tu as réussi à rendre les émotions et sentiments de chacun, on s'y serait cru !
    Il est vrai que l'on se sent tout petit avant de poser LA question, puis qu'on est tout timide en n'osant pas déranger... il est aussi probablement vrai que les conducteurs ne sont pas coutumiers des visites et qu'ils ne sont pas habitués à partager ces moments avec des non-cheminots. Il a pourtant eu des propos très justes et à propos (sans jeu de mots).
    Prochaines étapes : le TGV, et pourquoi pas l'avion ? depuis le 110901 on n'a pas le droit d'aller dans les cockpits mais en demandant souvent on obtient parfois un OUI, et là c'est génial ! :-)
    à bientôt!
    @frenchwayfarer

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    1. Ce commentaire est également touchant, et je te remercie !
      Pour le TGV, j'ai eu l'occasion de le prendre il y a peu, mais pas le courage de demander.
      A l'aller j'aurai peut être pu, mais le conducteur était déjà en poste, et je me voyais mal faire des grands signes (vu que la porte m'a semblé inaccessible). Faudra peut-être que tu me donnes ta "méthode". Il faut dire qu'en +, j'étais un peu dans le potage, car je m'étais levée à 5h15 pour le prendre.
      Sur le retour j'y ai de nouveau pensé, mais je l'ai pris à Saint Pierre des Corps, et ce n'était pas le terminus du tgv, donc, j'ai pensé que c'était plus délicat (les temps d'arrêt en gare doivent être respectés, je ne voudrai pas bousculé l'ordre des choses).
      Peut-être une autre fois. Je ne prends guère le TGV, mais c'est vrai que monter dans la cabine me tenterai bien.

      L'avion?! Alors, là, je le prends encore moins, et je flippe tellement au décollage et à l'atterrissage, que j'aime autant être à ma place :-)

      Bon, et encore merci pour le coup de boost qui m'a permis de passer une jolie matinée et de faire un billet encensé :-) !

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    2. en effet pour le TGV le plus facile est de se poster à l'avant du train un moment avant le départ, normalement le conducteur te voit. Et parfois la porte ou la fenêtre est encore ouverte, sinon tu peux aussi faire toc toc à la porte!
      demander avec humilité et sourire, c'est la meilleure chance d'obtenir un oui (et ne pas insister si on obtient un non, évidemment)
      :-)

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  5. PS : le p'tit train chez tes grands parents a l'air génial !!!
    @frenchwayfarer

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